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samedi, février 28, 2009

... donc tout a un début !

"Bon, tu vas où, tu peux nous le dire maintenant ?"

Et merde, encore un qui vient de l'apprendre.

C'est fou ça, dès que vous espérez qu'une information reste le plus confidentielle possible, tout le monde l'apprend instantanément.

Déjà trois jours que j'ai posé ma dem et toujours l'ombre d'une idée où aller avec un crédit sur le dos.
Bien joué l'artiste...

Annuler ma dém ? Non, pas possible, ils ne voudront jamais et je passerais pour un con.
Vivre de mon art ? Trop risqué
Vivre de mon corps ? Hum, faisable, mais le refus de vente est interdit en France, donc je risquerais d'avoir de bien mauvaises surprises.

Non, j'allais devoir me résoudre au plus improbable, la décision la plus difficile que j'allais prendre depuis la mise à la poubelle de ma collection de sciences et vie junior...

CHERCHER DU BOULOT !

Rien que d'y repenser j'en ai encore la chair de poule.
Mais peut-être que si j'arrêtais d'écrire ces chroniques nu avec la fenêtre ouverte j'aurais moins de frissons.
(Comment ça vous ne voulez pas de détails sur mes techniques d'écriture ? Ca ne vous intéresse vraiment pas de savoir comment se créent vos divertissements préférés ? Bon, que je ne choppe aucun de vous en train de matter un making of sur un DVD alors !)

Bon, le plus important était de se concentrer et d'avancer méthodologiquement.

Tout d'abord, reprendre la dernière version de mon CV disponible sur l'ordinateur afin de la mettre à jour.

4 heures plus tard, après avoir joué à Dofus, matté un épisode de Lost et discuté sur Gtalk avec deux personnes, je me souviens de mon but premier en allumant l'ordinateur et double clique sur le dossier CV.

Le réalisme de mon OS devait être configuré au maximum car il a simulé un tas de poussière s'envolant et des toiles d'araignées sur mon fichier.

je lance le précieux sésame pour voir à partir de quand je dois le compléter.

Hum, ma dernière expérience professionnelle listée est mon stage d'observation en 3°...
Mieux vaut peut-être en recommencer un à partir de rien.

Après 48 heures intenses et 15 versions, j'obtiens enfin une version satisfaisante selon mes critères et qui obtient de surcroit le feu vert de mon collègue, ami et conseiller en communication.

Enfin, feu vert pâle, c'est juste que sur sur l'ultime opus il m'a sorti un "Mouais, ça passe" au lieux des "C'est de la merde" et autre "Tout pourri ça" auxquels j'ai eu droit sur mes premières tentatives.

J'envoie donc enfin le précieux document à moult recruteurs, prend acte de sa bonne réception et relance à J+2.

Négatif
Négatif
Négatif
..et ainsi de suite avec tous.

Je commence à m'inquiéter. Bilingue et demie avec 5 ans d'expérience dans mon domaine, je devrais bien intéresser du monde quand même.

L'un de mes contacts se décide enfin à m'expliquer la raison d'un tel silence : La crise !

Bon sang, si simple que je n'y pensait plus. Les voilà tous en train de faire dans leur froc à l'idée qu'une période difficile puisse arriver, bloquent les embauches, licencient à tout va, réduisent leur dépenses et... Oh magie, bein oui forcement, la crise est là.

Mais ça ne m'arrange pas. Déjà deux semaines que j'ai démissionné. Tous mes collègues sont au courant et m'harcèlent pour savoir où je suis sensé aller. Dans un mois je serais condamné à dévoiler le pot au rose et m'immoler pour de bon comme l'idée m'avait tant effleuré.

Hum, mais que faire d'ici là.

J'y suis ! Si cette crise mondiale bloque tant que ça la situation en France, il me reste cette solution : partir à l'étranger !

Je file dans ma chambre récupérer la mappemonde que j'avais eu durant mon enfance et la fait vite tourner avant de bloquer mon doigt dessus.

Bon, la première tentative échoue parce que le globe tournait trop vite ce qui fait que je me suis coincé l'index dans le support en plastique.

Faux départ donc, mais qui m'arrange puisque j'étais tombé en plein Océan Atlantique.

Je peaufine ma nouvelle technique et recommence.

Le globe tourne à vitesse raisonnable, mon esprit se concentre sur les zones qui ne sont pas bleues et c'est partiiiiiiiiii

Top !
Tchécoslovaquie. Et merde, on recommence.
Zaïre. Zut, nouvelle tentative.
Yougoslavie. Rah, mais mince....
Kazakhstan. D'oh
Haute-Volta. J'abandonne.

Putain, que des pays qui n'existent plus !
Quelle idée aussi d'avoir une mappemonde qui date d'aussi longtemps !

Oui je sais, le Kazakhstan existe toujours, mais c'est vraiment un pays trop pourri.

Je ne savais plus quoi faire.

J'envoyais des CVs sans y croire.
Je me mettais même à écrire des lettres de motivation, c'est vous dire l'état de désespoir dans lequel j'étais tombé.

Et plus le temps pressait, et plus je me mettais à dégénérer dans mes CVs.
J'ai remplacé ma photo par celle d'un beau mec chopée sur un site gay au hasard, puis j'ai détaillé mes talents de masseur dans mes hobbys. Sur la fin j'ai même fini par écrire la taille de mon sexe dans mes infos généralistes. Ne sait-on jamais, le chiffre peut toujours attirer l'oeil.

Deux semaines avant le pot de départ fatidique. J'envisageais carrément un suicide public, pour au moins laisser une trace dans les annales voir, selon la méthode, sur le plafond.

Mais ces plans macabres allaient être contrecarrés par un coup de fil des plus inéspérés.
Il y a des évènements auxquels on ne croit plus et qui pourtant surviennent quand on s'y attend le moins. En l'occurrence un cabinet de recrutement qui demandait à me voir car mon profil l'intéressait.

Diantre, aurais-je bien fait finalement d'étudier et d'amasser toute cette expérience professionnelle.

Rendez-vous pris au plus vite, un soir après le boulot.
Pour partir plus tôt, j'avais utilisé le même subterfuge que mes collègues féminines lorsqu'elle passaient elles aussi des entretiens d'embauche.
"Désolé, je dois partir tôt ce soir, j'ai rendez-vous chez mon gynécologue."
Toutefois, au regard désabusé de mes interlocuteurs, j'ai l'impression que dans mon cas l'excuse est moins bien passée.

L'entretien se passe bien, je lui explique mon métier, mes capacités et mes aspirations (en occultant la partie où je veux devenir rentier et me taper des poulettes au soleil) mais comme pour les autres il me fait comprendre que malheureusement il n'y a pas beaucoup d'opportunités en France en ce moment.

Il me demande néanmoins de parler de moi pour essayer de voir s'il n'y a pas autre chose qui pourrait m'aller.

J'essaye de parler de mon activité de mes derniers mois qui tout compte fait se résume à me mettre des mines pas possibles dès que j'en ai l'occasion.

"Hum, en somme vous piccolez, c'est ça ?"
"Hein, et puis quoi encore, traitez-moi d'alcoolique tant que vous y êtes !"

Silence gêné entre nous deux.

Ces quelques secondes commencent à peser sur cette rencontre qui avait pourtant bien commencé. Je me tâte mentalement à lui faire un chat-bite pour détendre l'atmosphère.

Finalement il reprend la parole :
"J'ai peut-être quelque-chose pour vous. Vous êtes réellement attaché à votre ville actuelle ?"
"Bein j'ai à peine acheté mon appart..."
"Hum, donc ça ne vous ira pas, laissons-tomb..."
"Non non non non, allez-y, dites moi quand même, je l'ai acheté mais je m'en bas la race total de l'endroit où j'habite pourvu que vous me trouviez un job"
"Et bien, écoutez, j'ai un poste qui correspond totalement à votre profil, mais il est basé en Irlande. Vous vous sentez à l'aise en anglais ?"
"Si si, me gusta la magnana y tambien comer los noces"

Ah ah, comment je te l'ai scotché, il n'ose rien dire.

"Bon, ça ne fait rien, de toute manière ça va vous plaire, c'est un pays de pochtr... d'amateurs d'alcool, vous vous sentirez à votre aise"
"A ça c'est clair, à part le whisky et la bière, j'adore tous les alcools, ça ne peut donc que m'emballer !"


Nouveau blanc, le troisième en dix minutes, ça commence à devenir pesant.

"Bon, écoutez, je n'ai personne d'autre de toute façon et si je ne leur présente personne je perds le contrat et donc la comm prévue sur le poste, donc on va filer tout de suite en salle de visio conférence les appeler, vous allez faire votre entretien d'embauche par vidéo et on aura la réponse tout de suite"

Mes correspondants étaient bien disponibles et de surcroit francophones.
Un entretien rapide et cordial avec une bonne impression des deux côtés.

Je rentrais chez moi ce soir là avec des rêves plein la tête.
Le soleil, la mer, la plage avec ses rangées de cocotiers.
Je n'avais aucune idée d'où pouvait se situer l'Irlande et n'en avait rien à faire, tout ce que je voulais c'était y partir et changer enfin de vie.

Un voeu exaucé puisque le lendemain un coup de fil m'annonçait que j'étais pris là-bas.

Immense soulagement, j'ai enfin pu laisser bruiter l'information à mes collègues avides de potins qui au final se sont contentés d'un "Ah ok, bof, je croyais que c'était mieux que ça vu comment tu nous le cachait"

Pot de départ réduit et expédié en cinq minutes puisque, ultime mesquinerie de la part de ems collègues, ceux-ci avaient tous acceptés des soirées avec des amis de leurs côtés alors que je leur avait bien précisé que je partais ce jour là.
Coup de bol, des amis m'avaient également proposé quelque-chose, j'ai donc pu les rappeler et les rejoindre pour fêter ensemble le réveillon du 31 décembre.

Deux semaines de tournée d'adieux et de préparatifs, les baggages gonflés à bloc, tout comme mon moral à l'idée de commencer un nouveau boulot, une nouvelle vie et puis surtout, surtout, de pouvoir enfin recommencer quelque-chose que je n'avais pas fait depuis si longtemps...

DU SKI !

Oui, moi non plus je ne savais pas qu'il y avait des montagnes enneigées en Irlande mais en fait tout le monde m'a dit que les irlandais avaient de sacrées descentes !

J'ai hâte de voir ça.

Dublin, à nous deux !

Hey, mon programme !

Commencent à me gaver ces déprogrammations sauvages !

C'est vrai quoi, j'avais réservé ma soirée pour une émission dédiée à une chanteuse que j'aime beaucoup, mangé en avance, je m'installe tranquillement dans mon fauteuil et là... rien à voir, je me retrouve avec plein de mecs qui tapent dans un ballon ovale.

Du rugby ou une connerie du genre.

Amère déception, moi qui m'étais préparé mentalement à danser sur Poupée de cire, poupée de son.

J'ai pourtant vérifier dans le programme, des fois que je me sois trompé, mais non non, il y avait bien une soirée spéciale France Galles de prévue.

Il y a des soirs comme ça.

Promis la suite des chroniques arrivent bientôt !