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jeudi, mai 18, 2006

En avril, ne te découvre pas ou tu files !

Trois longs mois s'étaient écoulés depuis que j'avais pris mes nouvelles fonctions.

Dur dur de cumuler les rôles.
Les deux fonctions amenaient continuellement leur lot de travail sans que je puisse raisonnablement les diminuer ou tout du moins les réguler.


Bref, j'ai donc enchaîné les horaires de fou, partant le soir soir à des heures pas possibles, rentrant à pieds dans mon appart (oui, bon ok, je sais, mais 4 minutes le soir dans le noir c'est long mine de rien), annulant le sport et subissant de plein fouets le changement climatique du à la transition entre l'hiver froid et le printemps... froid également mais avec tout de même une différence.

Bon, même les plus mauvais en mathématiques connaissent l'issue de cette équation : la bonne grosse crève !

Pas la petite toux sèche, non, je vous parle de la vraie maladie. Celle qui vous affaiblit bien comme il faut, qui vous fait tousser toutes les minutes, vous empêchant de dormir et finissant par vous ronger la gorge.

Après un jour d'incapacité physique et mentale, j'ai réussi tout de même à trouver la motiva... la conscience profession... l'env... en fait je me faisais chier chez moi du coup je suis retourné au taff.

Hélas, cinq jours de toux consécutifs m'avaient rappé ad vitam eternam les cordes vocales (mais uniquement de manière temporaire je vous rassure). J'arrive donc dans les locaux mais ma voix avec presque totalement disparue, ne laissant subsister qu'un mince filet sonore à peine audible.

Bon, première mesure, signifier à ma standardiste préférée que je refuse tous les appels (le pied, depuis le temps que je rêvais de pouvoir le faire).

Reste le problème de communication en interne et de réaction de mes collègues. Heureusement sur ce dernier point j'ai pu m'assurer de leur part d'une totale discrétion et d'un comportement inchangé à mon égard.

Bonjour et bienvenus pour ce classement du top 3 des réactions et remarques les plus débiles cette semaine.
Vous vous en doutez, ce classement est entièrement monopolisée par l'extinction de voix du bâtard au pas vif.

Voici donc tout de suite les 3 idioties qui auront le plus marqué nos derniers jour :

En 3° position avec 12 occurrences
Chuchoter quand Son Altesse Satanissime vous parle.
Oui, il ne faut pas croire, mais la destruction des cordes vocales n'est pas quelque-chose de contagieux. Vous pouvez donc continuer à lui parler normalement.

En 2° position avec 14 occurrences
"Oh ! Tu peux baisser d'un ton, on entends que toi !"
Très drôle à faire d'une voix tonitruante pour bien souligner votre handicap à l'assistance publique.

Et en première position, avec 17 occurrences, voici notre remarque number one de la semaine :
"Qu'est ce que tu dis ? Je ne t'entends pas !"

Bref, vous l'aurez compris, une fois de plus je tenais sous la main une occasion de plus de haïr mes collègues. Non, sincèrement, c'est quoi cette manie de s'attaquer ainsi au personnes traversant une temporaire période de baisse des immunités physiques.
Outre le côté lâche et amoral de la chose, on peut y voir dans cette attitude une sorte de cruauté inhumaine indigne des êtres civilisés que nous sommes ayant abouti à un modèle de société basé sur des valeurs nobles comme le partage, le don et le pardon.

Bon, ok, là je joues mon Père La Vertu, mais en fait une semaine après je suis rentré chez mes parent s et j'ai constaté que j'avais refilé ma crève à mon frère avec les mêmes symptômes alors je me suis empressé de lui ressortir toutes les même vannes que j'avais subies.
Ca m'a défoulé, c'était vraiment trop bon.

Ah la la, bon, j'avais pour moi le fait d'avoir quand même la présence d'esprit de me sentir un parfait enculé.
Et mon cher frangin lui-même n'y a pas manqué de le souligner.

Vint à nouveau la semaine de taff, moi moyennement en forme bien qu'à nouveau équipé de ma voix.
5 jours de congé maladie/fin de semaine avaient été indispensables mais pas suffisants pour me remettre dans une forme olympique.

Ca, le boulot l'ignorait.

Et c'est reparti pour un enchaînement de tâches à gérer et d'emails à envoyer.

Parmi les courriers électroniques à envoyer, l'un d'eux concernait une invitation à tous nos clients pour un événement dont nous étions partenaires.

Cool, cela voulais donc dire que le maître d'ouvrage sur cet envoi était ma propre boite, et que donc je ne serais pas soumis aux innombrables retours et caprices d'un client mal léché (non, non, je vous jure, il n'y avait aucune arrière pensée au moment où j'ai écrit cette phrase).
Fini les innombrables pertes de temps du à des indécisions et une mauvaise réflexion en amont. J'allais pouvoir effectuer mon travail dans des conditions optimales de confort, de sources premières transformées le plus professionnellement possible de manière carrée afin d'obtenir des éléments prêts pour une utilisation immédiate.

Mais comment peut-on penser encore des trucs aussi cons au bout de deux ans de boite ?
Évidemment les éléments n'ont été finalisés qu'à la dernière minute, et il a fallu faire de nombreux allers et retours entre le responsable HTML pour traiter les retours, la directrice pour faire valider ce qui avait été modifié et connaître donc les nouvelles modifications à apporter (parce qu'il y a toujours quelque chose à modifier).

Bref, une opération simple en apparence qui a demandé un temps et une énergie considérable, pas tip top pour quelqu'un qui se remettait à peine d'une période de maladie.

Après moult modifications, un compromis acceptable a tout de même été validé, et j'ai enfin pu m'arrêter là pour ma première journée de travail.

Exténué, je me lève, traverse les bureaux, rejoins la porte de sortie, salue la direction juste avant de partir, et c'est à ce moment là que la directrice générale gagna le prix de la perspicacité 2006 :

"Mais votre Altesse, vous êtes un peu fatiguée en ce moment, non ?"

Quoi, 3 mois d'affilé à me taper du 9H-22H, voir 23H, et elle se rend compte enfin que je suis fatigué ? Il serait peut-être temps non ?

Enfin bref, une semaine passa, et nous voilà donc au fameux événement qui réunit tous les employés et nos chers clients adorés.

Cet événement annuel est très spécial, il dispose d'atouts non négligeables, tel un lieu de déroulement situé en plein Paris, une atmosphère unique, et surtout une spécificité que l'on retrouve à chaque fois : un temps de merde !

Cette fois-ci la boite avait bien prévu le coup et avait sérigraphié 4000 parapluies avec le logo de la société.

Effectivement, bien que le début de l'évènement ai été plutôt clément, voilà que le ciel s'assombrit petit à petit.

Pour ma part je tenais compagnie à la demoiselle située à l'entrée et qui s'occupait de refouler les piques assiettes en les menaçant de représailles si jamais ils osaient se ramener dans le stand. Bon, cela faisant plus office de valeur symbolique qu'autre chose vu que la demoiselle mesurait 1 m 50, mais comme j'étais à côté, la menace se faisait plus impressionnante.

Dès l'apparition des premières gouttes on me jette un parapluie dans les mains en me demandant de veiller à ce que la fille de l'entrée reste au sec.
Il ne s'agissait pas de n'importe quel parapluie, mais du fameux parapluie magique que l'on craint tous d'avoir dans les mains un jour ou l'autre de notre vie.
Oui oui, vous savez, celui qui a le pouvoir de stopper la pluie dès que vous l'ouvrez et de faire retomber les gouttes si vous le refermez.

Bref, avec, deux options, être mouillé ou passer pour un con.

Malheureusement, de mes actions dépendant la situation physique d'autre personnes que moi-même, la deuxième solution s'imposa.

Et me voilà pendant un quart d'heures à tenir l'objet encombrant d'un bras qui commençait de minute en minute à fatiguer de plus en plus.

Soudain, tout s'arrangea. Non, il ne s'est pas mis à faire beau, mais au contraire, on a eu droit à une méga averse. Bon, au moins ça servait à quelque-chose de tenir cette foutue ombrelle.

Voici notre directeur technique qui pris d'un élan de courage (et de 2 grammes d'alcool dans le sang) s'en alla courir à la rencontre de toute personne courant nue tête afin de lui offrir gracieusement l'un de nos parapluies. Bon, n'étant pas en pleine possession de ses moyens il a réussi à éborgner deux personnes et empaler un petit vieux. Mais bon, sacrée pub tout de même.

Le stand s'était rempli à ras-bord de clients soucieux de rester au sec, impossible de s'y coller. Me voici pris au piège tout devant avec d'autres collègues eux aussi devancés par ces rapiats d'invités.

Je sentis mon téléphone sonner, mais uniquement par vibrations (mode vibreur oblige). C'était une collègue en vacances mais qui avait décidé de retarder son départ pour profiter de l'évènement avec nous.
"Ouais, je suis arrivé à la station mais il pleut grave, c'est la misère ! Ca ne fait rien, je vais rester au téléphone avec toi en attendant qu'il arrête de pleuvoir, ça ne te dérange pas ?"

Rapide estimation dans ma tête du temps de pluie restant en fonctions de divers paramètres (couleur du ciel, comptage du nombre des nuages, calcul de la vitesse du vent, ratio du nombre d'écureuils roux sur le nombre de canards boiteux qui naviguaient sur la Seine à ce moment là).

Résultat :53 minutes et 47 secondes.

"Bouges pas, je viens te chercher"

Mouillé pour mouillé, ce n'était pas quelques gouttes qui allaient me repousser. Surtout que je n'avais que 500 mètres à faire pour la récupérer.
Ah oui, mais ces cons ont mis des barrières partout. Bon, 800 mètres quoi.

Je parcoure les 300 mètres supplémentaires, voilà qu'un orage comment à éclater.
La foudre commence à s'abattre un peu partout au hasard, enflammant quelques arbres.

Je croise une autre personne équipée du même parapluie que moi et reste paralysé de terreur en la voyant se faire foudroyer devant moi.
Bordel, quelle idée d'en prendre avec la pointe métallique !

En plus à côté de la Tour Eiffel, non, vraiment c'est con, se faire foudroyer à côté du plus grand paratonnerre de Paris, la loose totale.

Le courage se réinjecta dans mes veines et je me mis à courir. Arrivant près de la station de métro, j'appelle ma collègue "Quand tu as la grande tour en métal en face de toi, tu es du côté gauche ou du côté droit ?"
"Heu, je crois que je suis du côté à droite."

Ok, donc elle se trouve du côté gauche.

Bingo.

Je la récupère, trempé sur la moitié basse du pantalon, et repart.
Des torrents se formaient sur le côté, je voyais des gens se faire emporter sans réussir à trouver un point d'accroche pour leur éviter une noyade longue et douloureuse.

Je marchais d'un pas vif collé à ma collègue (non mais c'est seulement parce que le parapluie n'était pas si grand que ça).

"Tu veux que je le tienne un peu pour te soulager ?" me demanda-t-elle

Le temps de faire le tri dans les multiples interprétations possibles et de parvenir à la conclusion la plus logique qu'elle parlait du parapluie, je le lui tends.

50 mètres seulement pour me décider à le reprendre après qu'elle l'eu trop incliné un coup vers l'avant, un autre coup trop en arrière, fait tomber 2 fois.
Mes chaussures commençaient à recracher de l'eau, les cuisses commençaient à s'humidifier elles aussi.

"Bon, donne, de toute façon ça ne peut pas être pire maintenant"

A plusieurs kilomètres de là, sur le Mont Olympe, Zeus se redressa d'un coup et s'exclama :
"A ouais ! Tu veux jouer à ça p'tit con ?"

Une déferlante de grêle s'abattit sur nous.

Je voyais les gens non abrités s'écrouler lamentablement lapidés de bloc de glace aussi gros que des balles de tennis.

Ma collègue eu la jambe brisée par un grêlon mystérieusement taillé en pointe.
Impossible pour elle de marcher, obligé de la prendre sur mon dos.

600 mètres...

500 mètres...

400 mètres...

Le pantalon était entièrement trempé, les chaussures étaient en train de moisir et de se décomposer, ma chemise était trempée de sueur, et ma nuque me faisait horriblement souffrir du fait que j'avais la tête inclinée à 90 degrés pour tenir le parapluie droit entre mes dents pendant que je portais ma collègue sur le dos.

300 mètres...

200 mètres...

J'avais l'impression de flotter sur l'eau, mais je me rendis compte plus tard que c'était à cause du tapis de cloques qui s'était formé sous mes pieds.

100 mètres.

Horreur, le stand était blindé de chez blindé, impossible d'y insérer qui que ce soit.

Ok, ils veulent réellement jouer à ça ?
Foutue pour foutue, je laisse tomber ma collègue par terre, de toute façon inanimée par la fièvre due à la gangrène qui s'était formé au niveau de sa blessure.

Allégé, je commence à foncer vers le stand, le parapluie pointé en avant afin de gagner en aérodynamisme.

À 3 mètres du stand j'avais atteint la vitesse de 32 kilomètres heures. Les gens qui formaient le mur visible de la masse n'eurent pas le temps de s'écarter avant de réaliser qu'elles allaient être partie prenante dans le point d'impact.

Le choc fut violent, plusieurs personnes volèrent dans les airs avant de retomber par terre.

Quelques côtés brisées pour les plus chanceux qui se trouvent plus loin dans la foule.
Mon objectif était atteint, c'est avec joie que je fut stoppé net par un meuble massif disposé à l'arrière du stand : le bar

Sauvé !

Afin de me réchauffer, j'engloutis direct 3 whisky/orange.
En fait ça ne changeais réellement rien au niveau de l'humidité de mes vêtements et de ma température corporelle, c'était uniquement pour me bourrer la gueule.

La soirée s'acheva dans la rigolade et l'allégresse.
Les blessés furent achevés eux aussi.

Chacun rentra chez soi et la vie repris son cours (chiant) habituel.

J'ai néanmoins depuis pris la bonne résolution de partir plus tôt du boulot afin de profiter un peu plus de la vie et des nombreux loisirs qui étaient à ma disposition.

Aller plus souvent au sport afin de modeler un minimum mon corps pour l'été.

Faire une sortie ciné plus d'une fois par mois (oui, parce que la carte illimité c'est bien, mais si vous ne l'utilisez presque pas ça fait la séance à 20 euros, ce qui est plutôt moyen).

Qui sait, peut-être que parfois la vie vous sourit et se décide à vous faire quelques cadeaux pour vous faire comprendre qu'il n'y a pas que le travail dans la vie.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

trop fort le passage sur la course aquatique au Tour Auto, c'est marrant g pas vécu ça pareil du fond de la tente à 20cm du buffet pendant 2h...

et sinon pas la fin manière 'to be continued' avec 'parfois la vie vous sourit', ms vas-t-on à nouveau attendre 2 mois ke tu nous raconte ce ki éclaire ta vie depuis qques semaines ???

11:01 PM  

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