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lundi, avril 14, 2008

Ah la la, mon chef (enfin, ex-chef)

L'autre jour, en analysant ce que les gens tapaient dans Google avant d'arriver sur le présent blog (oui parce qu'on aime bien savoir ce qui vous amène sur nos sites, nous les gens de l'Internet et du Marketing) et j'ai fait une étonnante découverte.

En fait j'en ai faites plusieurs et je me dis qu'il va bientôt falloir que j'en fasse un sujet pour une prochaine chronique.

Enfin, parmi tous les mots et expressions bizarroïdes tapées par vous mes fidèles lecteurs (et les 95% de gens qui arrivent au hasard surtout) l'une d'entre elle attire mon regard plus que les autres :

mon chef est un gros enculé

Diantre, comment cela est-il possible ?

Je vérifie, et effectivement stupeur, mon blog remonte en 4° position sur la première page.
Bon, il l'était à l'époque, maintenant hélas il ne remonte plus aussi haut.

Mais cela m'a permis de me rendre compte de quelque chose :
Je ne vous ai toujours pas parlé de mon ancien chef :-D

Bon, tout d'abord il faut le décrire brièvement.

Ca encore ça ne pose pas de soucis. On a tous connu dans notre vie un pur stéréotype d'école de commerce.

Mais si vous savez, sourire impeccable, toujours en costume (parce qu'il faut toujours être en costume pour toujours montrer qu'on est un professionnel et que donc on peut nous faire confiance puisque l'on ressemble à un pro), plein d'amabilités qui fleurent bon le contre-plaqué et le synthétique, un portable dernier cri et plein d'autres petits détails que vous devez sûrement visualiser.

Vous l'avez devant vous ?

Ouais voilà, c'en est un comme ça.

Bref, au début super sympa, normal, le petit nouveau qui arrive et qui ne peut pas trop la ramener, commence à monter son équipe (bon, majoritairement des stagiaires, hein, faut se faire la main sur de la matière première encore chaude et malléable), embauche un vrai employé et me récupère moi pour d'obscures raisons basés sur des termes techniques de mon précédent supérieur que je ne décrypte toujours pas ("Bon il me saoule ce relou, et toi le nouveau, tu ne veux pas le prendre dans ton pôle tout nouveau tout beau, il peut de faire de l'emailing et des statistiques")

Et puis, vite on a commencé à détecter des petites choses, des incohérences dans le langages, de manières de faire ou surtout de vouloir faire.

En fait c'était trop propre pour être honnête.

C'est souvent l'inconvénient des gens qui vous font un discours long et propre aux allures marketing top rôdé vendeur, c'est que dès que vous grattez... bein il n'y a rien.

Et vite un autre côté très désagréable et apparu : une importante manie à vouloir tout contrôler, tout gérer, à vouloir que tout se fasse selon sa manière.

Oui, c'est une astuce que je vous donne, jeunes managers qui vous lancez dans de brillantes carrières de requin, si vous avez peur de ne savoir cadrer des personnes avec leur personnalité et leur manière de faire, obligez les à vous conformer à votre méthode.
Bon, vous y perdrez énormément d'un point de vue qualitatif et créatif, mais au moins vous saurez maîtriser la situation.

Ou donner la l'illusion de...


L'une de ses premières mesures fut d'instaurer une réunion équipe hebdomadaire.

Bon, en soi c'est une très bonne chose et je pense que beaucoup y gagneraient à mettre ça en place.
Seulement il fallait pour cela mettre à jour une fiche de suivi qui devait être la plus détaillée, complète et synthétique possible.
Oui, c'est bien une contradiction.

Et puis surtout il fallait une homogénéité à toute épreuve entre chaque ligne de notre tableau récapitulatif.

"Ah, tu as utilisé de l'impératif à la ligne 7. Ce n'est pas professionnel, regarde, tu utilise du futur sur les autre lignes. C'est une preuve d'amateurisme flagrante !"

Oui, le chef a toujours le don de mise en exergue des petits détails insignifiants dont tout le monde s'en fout. Ce don est très utile d'ailleurs pour masquer le fait que l'on a pas lu ou compris une présentation :
"Oui, écoute, je n'ai pas pu continue à lire ta prez, le titre de la slide 2 de ton popoint était décalé d'un pixel vers le bas par rapport aux titres des autres slides, c'est inadmissible, j'ai préféré arrêter là cette désagréable lecture. A la place on a doc envoyé ma prez Popoint"
(et devinez pourquoi deux semaines après on apprend que l'agence n'est pas retenu pour le projet de refonte du site de tel annonceur...)

Oups, mais je me rend compte que j'ai oublié de vous parler l'outil indispensable, de la raison d'être, de l'extension corporelle même de l'archétype du markéteux sorti d'école de commerce :
La présentation réalisée avec Microsoft Powerpoint. (dit Popoint par moi même)

Là, un brin d'explication s'impose.
Ils faut savoir qu'à 98% d'entre eux, les étudiants d'école de commerce ont été défloré par un popoint érotique montrant généralement de jeunes demoiselles (ou beaux étalons selontendances) nues dans des paysages fleuris fleurant bon l'amour libertin sauvage.

Dès lors, ces personnes vous à ce fameux logiciel une admiration sans borne n'ayant d'égal chez un être normalement constitué que le souvenir doux amer d'un premier grand amour déchu mais toujours présent dans le coeur tant bien que mal cicatrisé (et aussi un peu présent dans les bourses, mais ça c'est une autre histoire)

Ainsi ils lui pardonnent tout :
"Comment, dès que tu effectue un copier coller tu perds toute ta mise en page ? Oh c'est juste que tu maîtrise mal l'outil voyons"

Et continuent à lui louer toutes les vertus et à vouloir subliminer son utilisation :
"Comment, tu as trouvé une étude intéressante sur Internet qui peut nous aider à valider notre stratégie de vente multi canal ? Génial ! Copie colle toutes les pages dans une document powerpoint que tu enregistreras sur le réseau. Je pourrais ainsi facilement le retrouver grâce aux mots clés que tu indiqueras dans le module d'en-tête du logiciel."
("Et si je me contentais d'enregistrer le PDF de 48 pages sur le réseau et de t'envoyer un email avec le lien connard ?")

Oui, vous l'avez compris, le marketing et Popoint c'est de la passion à l'état pur.
Quand vous voyez un commerciale partir au toilettes avec une préz commerciale... vous n'êtes jamais sûrs que ce soit pour la lire.

Bref, pour en revenir à là où j'en étais, nous devions toutes les semaines remplir notre agréable petite fiche d'avancement personnel.
"N'oubliez pas le petit rond qui est rempli en fonction du l'avancement du projet !"
(Mais comment je fais moi quand je bosse sur des choses récurrentes qui se déroulent tout au long de l'année ?)

"Et puis pensez bien aussi au petit smiley pour indiquer votre feeling par rapport au projet. En plus ils ont des couleurs flashy exprès pour que l'on puisse les distinguer dès le premier coup d'oeil !"
(Mais c'est que c'est super intelligent ça.... sauf si comme dans notre cas tu nous oblige à imprimer en noir et blanc les documents de travail pour des raisons d'économie)

Bref, l'exercice était récurrent, et tout le monde devait s'y soumettre.
Tout le monde ? Non, un seul était exempt.

Notre chef lui-même.

Et oui, impossible de savoir ce qu'il faisait de la journée.
Enfin, quand il était présent à l'agence et non pas en vadrouille à gauche ou à droite rencontrer des gens de l'Internet pour se faire mousser.

"Bonjour, vous me connaissez ? Je suis le directeur du pôle conseil d'une grande agence de communication. Je voudrais bien déjeuner avec vous pour que vous sachiez à quel point je suis important"
(toute ressemblance avec le sketch de Desproges à ses débuts cherchant à signer des autographes dans la rue ne serait que purement fortuite)

Tu fais quoi chef ?
Impossible d'avoir une réponse claire et cohérente.

A chaque fois nous avions droit à un discours sur le fait qu'il travaillait sur des documents (popoint forcement) très stratégiques et confidentiels, et qu'il ne pouvait malheureusement pas nous en parler.
D'ailleurs il fallait le laisser tranquille car il était très occupé.

"Ah bon ? Parce que ton blog personnel vient d'être mis à jour à l'instant."
"Ah bon ? ah heu... oui non mais ça je le fais le week-end et je programme à l'avance les dates et horaires de mise à jour vous comprenez."
"Oui oui, ça je comprend, mais en revanche c'est rigolo parce que ça reprend le contenu de l'email que je t'ai envoyé il y a trois quarts d'heure."

Bon, en revanche de notre côté, interrogatoire systématique :
"Tu fais quoi ?"
"Tu en as pour longtemps ?"
"Tu as le temps de faire ça en plus alors ?"

Et oui, car à l'opposé de sa tendance à exagérer les petits détails de calage insignifiants, le chef marketing a également l'habitude de diminuer drastiquement le temps de réalisation d'une tâche.
"Comment ça tu ne peux pas me faire le comparatif des 17 sites asiatiques de conseil en investissement boursier ? Po po po, ça prend à tout casser deux heures. Bon, je t'accorde un quart d'heure de plus pour la mise en page"
(Monsieur est décidément trop bon)

Et si par le plus grand des hasards vous laissiez échapper une moue dubitative doublé d'un sentiment d'agacement, vous aviez droit à une petite tirade sur votre manque de professionnalisme et de respect de vos collègues.

Par contre, un jour que j'enchaînais malgré moi deux boulettes de suite (quoi, ça arrive même aux meilleurs, alors pourquoi pas à moi), le voilà s'approcher de moi en me sussurant "Tu t'es encore trompé, tu passes vraiment pour un blaireau" devant témoin.

Classe, très classe, et d'un professionnalisme....

Bref, vous l'aurez compris, notre relation se dégradait entre lui et moi.

Et c'est pourquoi un jour il a tenté l'impossible (et nombreux pourront témoigner) :
l'acte vain et inutile de me faire dégager de l'entreprise.

Mais ça, c'est pour une prochaine chronique...

Sayonara !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tout le monde n'a pas la chance d'être "moi" :=)

*ça fait du bien*

9:43 AM  

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